Le marché pharmaceutique français repose sur une longue tradition d’excellence scientifique, d’innovation médicale et de solidarité nationale. Historiquement, la France est en effet reconnue pour la qualité de son système de santé et académique ainsi que pour ses capacités industrielles. Cependant, les industriels de la santé évoluent depuis désormais une bonne dizaine d’années dans un environnement contraint, se confrontant chaque année à des arbitrages économiques de plus en plus serrés, et à une prévisibilité très réduite de la politique du médicament. 

En France, l’industrie du médicament joue un rôle central dans le système de santé et dans l’économie nationale. En moyenne en 2024, chaque Français a consommé pour 490 euros de médicaments, soit environ 1,2 % du PIB. 

Pourtant, derrière ces chiffres flatteurs, le secteur traverse une période de fortes tensions. Les effets combinés de la régulation, de la fiscalité, des contraintes budgétaires et des enjeux d’innovation interrogent la pérennité du modèle actuel et son attractivité à moyen-long terme.
La France sera-t-elle encore un « priority market » en 2030 ? 

Un marché à haute valeur… sous tension 

La France reste un poids lourd de l’industrie pharmaceutique : 

  • 5ᵉ marché mondial, derrière les États-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne ; 
  • 2ᵉ marché européen, avec près de 33 milliards d’euros de dépenses remboursées en ville. 

Mais depuis plusieurs années, la croissance demeure faible. La part du médicament dans le PIB stagne, reflet d’une maîtrise très étroite des volumes et des prix. 

L’année 2023 a été marquée par une intensification des efforts de régulation sur le marché du médicament. Si le chiffre d’affaires net a progressé de +3 % pour atteindre 26,1 milliards d’euros, cette croissance a été largement absorbée par de multiples mécanismes de contrôle des dépenses :  

  • Baisses de prix : 779 millions d’euros d’économies pour l’Assurance Maladie, 
  • Clause de sauvegarde : 1,64 milliard d’euros reversés par les laboratoires, 
  • Remises CEPS : 8,32 milliards d’euros versés, un record historique. 

Ce cumul de mesures a limité la rentabilité nette du secteur, alors que le chiffre d’affaires "brut" (avant régulation) peut apparaître comme plutôt attractif. En parallèle, les marges se sont réduites, dans un contexte de renforcement des exigences réglementaires et de hausse des charges structurelles. 

Une pression sur le marché pharmaceutique qui ne résout pourtant pas la dégradation des comptes publics dans le champ sanitaire. Le déficit de l’Assurance Maladie a atteint 14,7 milliards d’euros en 2024, contre 11,1 milliards en 2023.
Et en conséquence, on peut légitimement s’attendre à une fragilisation du financement de la santé, accentuant la pression sur le médicament, et menaçant à terme la capacité du système à soutenir l’innovation : coup double d’une régulation actuelle aux effets macro-économiques limités et aux conséquences à moyen-long terme regrettables pour l’attractivité de la France. 

De fait, le secteur pharmaceutique français est confronté à plusieurs défis structurels majeurs pour les prochaines années :  

  • Érosion des marges du fait de baisses de prix répétées (et jusqu’où le CEPS pourra-t-il jouer sur cet outil de régulation ?) et d’une concurrence internationale des marchés de plus en plus accrue, 
  • Augmentation continue des coûts de R&D, nécessaires pour répondre aux enjeux d’innovation et aux exigences de démonstration (essais multicentriques sur population étroite, avec prise en compte de multiples nouveaux facteurs), 
  • Fiscalité sectorielle spécifique, bien plus élevée qu’ailleurs en Europe et qui n’est pas appelée à s’améliorer dans les prochaines lois de finance compte tenu de la dégradation des comptes de l’État,  
  • Modèle économique durablement fragilisé, en particulier pour les thérapies les plus innovantes pour lesquelles les prix revendiqués apparaîtront de plus en plus en décalage avec les capacités du système de santé à pouvoir les financer. 

Ces facteurs combinés créent un effet de ciseau entre charges croissantes et revenus plafonnés sur le territoire français, compromettant la capacité des laboratoires à investir, innover et maintenir leur compétitivité dans l’Hexagone. 

Face à une rentabilité jugée insuffisante, certains industriels choisissent de retarder leurs lancements en France ou de privilégier d’autres marchés. Résultat : les patients français accèdent parfois plus tardivement aux traitements innovants, comme le montrent les études disponibles sur les délais d’accès aux dernières thérapies (hors mécanisme d’accès précoce). 

Autre risque : une moindre attractivité pour la recherche clinique. La France pourrait perdre sa place dans les grands essais internationaux, faute d’un cadre incitatif et de contraintes organisationnelles structurelles. 

Le défi est donc clair : garantir un accès équitable et rapide à l’innovation tout en maitrisant la dépense publique.

La place de la France dans une dynamique mondiale en forte accélération 

À l’international, on observe en 2024 une accélération des investissements dans les domaines des biotechnologies, de l’intelligence artificielle appliquée aux produits de santé, et dans le développement de traitements personnalisés. La compétition entre pays pour attirer les projets d’innovation est vive, et repose autant sur la qualité de la recherche que sur la lisibilité et l’agilité des dispositifs d’accès au marché / de financements. 

Le contraste est fort avec la scène internationale :   

  • Le marché pharmaceutique mondial devrait dépasser les 2 100 milliards de dollars d’ici 2027 ;  
  • En Europe, la croissance annuelle moyenne est estimée entre 3 % et 5 %. 

La France a des atouts : excellence scientifique, compétences du capital humain disponible, tissu industriel, qualité du système de soins. Mais au rythme actuel de la régulation du secteur pharmaceutique et du déclassement de plusieurs forces nationales, la France risque de rester à la marge de la compétition mondiale pour la santé. 

Adapter la régulation pour favoriser l’investissement 

De nombreuses propositions émergent pour rééquilibrer le modèle :  

  • Assouplir certains mécanismes de régulation ainsi que les contributions fiscales sectorielles ; 
  • Moduler les baisses de prix selon la valeur thérapeutique apportée ; 
  • Accélérer les procédures d’évaluation et de remboursement ; 
  • Définir des indicateurs partagés entre autorités et industriels pour mieux calibrer les efforts d’économies. 

L’enjeu est de préserver un système de santé solidaire tout en rendant le marché français plus attractif, plus prévisible, et plus rapide dans son accès à l’innovation. 

L’IFIS, partenaire de la transformation du secteur 

Dans ce contexte mouvant, la formation professionnelle continue devient un levier stratégique majeur pour les acteurs industriels, pour gagner des points de compétitivité grâce au facteur humain. Pour comprendre et anticiper les évolutions réglementaires, dialoguer efficacement avec les autorités, sécuriser les lancements et optimiser les stratégies d’accès dans le temps, les salariés du secteur doivent renforcer leurs compétences métiers. 

En tant que leader de la montée en compétences des salariés des industries de santé depuis 50 ans, l’IFIS propose une offre riche et ciblée, élaborée avec des experts reconnus issus du monde industriel, pour accompagner ces mutations. 

Quelques-unes de nos formations clés en lien avec les évolutions du secteur :  

👉 Préparer la négociation de prix avec le CEPS - Ref : NEP : maîtriser les leviers tarifaires et construire une stratégie de valorisation pertinente ; 

👉 Connaître le financement des médicaments à l’hôpital - Ref : MEDHOP : comprendre les circuits, budgets et mécanismes spécifiques ; 

👉 Préparer et maîtriser ses interactions avec les autorités de santé - Ref : ECO2 : structurer des échanges efficaces avec la HAS, l’ANSM, le CEPS… 

Ces formations s’adressent aux fonctions Market Access, affaires réglementaires, juridique, marketing stratégique, ainsi qu’aux pharmaciens hospitaliers

En investissant dans la formation, les entreprises renforcent leurs capacités d’adaptation, sécurisent leurs projets et facilitent l’accès à l’innovation pour les patients. 

Nous sommes arrivés à un moment charnière, nécessitant une coordination renforcée des acteurs français – pouvoirs publics, industriels, professionnels de santé. Plus que jamais, il s’agit d’adopter une vision de long terme, capable de préserver les acquis du système tout en créant les conditions d’une relance sanitaire et économique fondée sur la confiance, la compétence et la capacité de co-créer les conditions favorables à l’avenir du secteur industriel. 

Le modèle pharmaceutique français est à la croisée des chemins. La volonté de concilier accès aux soins, innovation thérapeutique et soutenabilité financière suppose un effort collectif. En tant qu’acteur de confiance et engagé, l’IFIS se mobilise pour accompagner ce changement, en offrant aux professionnels les clés pour comprendre, agir et anticiper. 

Source : Bilan économique 2023-2024 des entreprises du médicament – Leem 
https://www.leem.org/presse/bilan-economique-2023-2024-des-entreprises-du-medicament 

VOTRE CONTACT : 

Pour plus d'information contactez directement notre business developer :

Pierre Le Coz

07 69 52 12 61
p.le-coz@ifis.fr