L’avènement du format distanciel consécutif à la pandémie pose question : la pédagogie active est-elle transposable dans ce format ? En charge à l’Ifis de la conception de solutions pédagogiques, Mathieu Decalonne avait évoqué la pédagogie active dans un précédent article. Selon lui, pas de doute : même à distance, l’apprenant peut demeurer maître de sa formation.

Par « pédagogie active », l’on désigne une approche qui place l’apprenant au centre même de son apprentissage. Dans ce processus, l'apprenant agit pour accéder à la connaissance et déterminer les clés efficaces pour se les approprier. Il est donc dans une position active et non plus attentiste.

Pour apporter cette connaissance à l’apprenant, le formateur a un rôle essentiel. C’est lui qui apporte les outils ludiques et engageants pour que l’apprenant s’approprie sa formation. Ces outils sont les techniques pédagogiques.

95% de mes activités sont adaptables en distanciel

Des activités de formation adaptables en distanciel

Reste que, à l’heure où le distanciel s’est généralisé, l’enjeu est de savoir si les techniques pédagogiques sont solubles dans ce type de format. De prime abord, non : il semble difficile de proposer à distance des activités autres que le traditionnel exposé magistral. Mais de prime abord seulement.

Pour Mathieu Decalonne, il est possible de proposer à distance des activités impliquantes, motivantes et ludiques. « 95% de mes activités sont adaptables en distanciel, avec un peu d’agilité pour certaines d’entre elles ».

La preuve par l’exemple. Pour « briser la glace » au début de ses formations physiques, Mathieu utilise une activité imparable : la méthode Lego Serious Play. Il va demander à ses apprenants d’illustrer un concept avec les fameuses briques. Un outil efficace pour impliquer l’apprenant mais difficilement transposable sur Zoom. Il fallait donc réadapter son « ice breaker » au format distanciel. Et pour cela, réfléchir à son objectif pédagogique : constater comment les apprenants se représentent un thème abordé en formation.

« Il m’a donc suffi ensuite de réfléchir à comment utiliser ce même objectif pédagogique, mais avec une autre méthode que les Lego, complète Mathieu. J’ai donc imaginé la recherche d’images sur Google, mais j’aurais aussi pu leur faire dessiner quelque chose via la fonction annotation de Zoom ou encore leur faire créer un slogan publicitaire ».

En somme, une fois que l’objectif pédagogique est identifié, plusieurs possibilités s’offrent au formateur, avec un peu d’imagination. CQFD.

Un autre exemple : le Parod’image. Cette activité consiste à faire remplir en groupes des bulles de bande dessinée préalablement imprimées pour le format présentiel. Comment l’adapter au distanciel ? En utilisant la version online de PowerPoint : les apprenants remplissent directement en ligne les bulles de la bande dessinée.

À noter que des applications comme Zoom ou Teams proposent des fonctionnalités facilitant les interactions entre les participants. On peut citer le « paperboard » (le tableau blanc) ou la création de sous-groupes, qui permettent comme en présentiel, de scinder la classe virtuelle en plusieurs groupes de travail pour - par exemple - laisser les apprenants travailler sur des études de cas.

Lorsque votre activité n’est pas transposable en tant que telle, il faut réfléchir sur l’objectif pédagogique et trouver une activité adaptable

Adapter ses outils aux objectifs pédagogiques

À la question posée dans le titre de cet article, la réponse est donc positive… à condition qu’un travail de réflexion soit mené en amont par le formateur.

« Lorsque votre activité n’est pas transposable en tant que telle, il faut réfléchir sur l’objectif pédagogique et trouver une activité adaptable ». Il n’y a pas d’activité meilleure qu’une autre. Le « bon formateur » doit trouver le bon outil en fonction de son objectif pédagogique. Et donner du sens à l’outil sélectionné. Expliquer le principe de telle activité est déterminant pour faire adhérer son public.

Le formateur doit également prendre son temps pour expliquer aux apprenants l’activité qu’il a choisie. L’emploi du numérique dans les formations est encore récent, et le public peut ne pas être habitué à l’utiliser.

Choisir la bonne activité et en donner les raisons, c’est ce qui permettra au formateur de doper le taux d’engagement et l’ancrage mémoriel de ses apprenants.

 

Un accompagnement auprès des formateurs

En distanciel ou en présentiel, Mathieu Decalonne accompagne les experts et formateurs dans la mise en place d’activités et solutions adaptées aux objectifs pédagogiques de leurs formations. Un sujet prochainement abordé. Restez à l’écoute