La Haute Autorité de santé (HAS) va bientôt publier un position paper dans une revue internationale, le BMJ Evidence-Based Medicine (BMJ EBM). Cet article constitue le résultat d'un travail de réflexion sur les nouvelles méthodologies de recherche clinique, en particulier en oncologie, avec l'appui de plusieurs contributeurs. 

Rappel. En octobre 2021, le ministre de la Santé Olivier Véran saisissait la HAS et lui demandait de réaliser un « travail approfondi sur les nouvelles méthodologies de recherche clinique ». Cette demande visait à donner aux industriels des « points de repère pratiques », à l'heure où des demandes d'accès au marché sont effectuées à un stade de développement des médicaments « de plus en plus précoce » . 

La publication du position paper ne constitue toutefois qu'une étape dans un projet plus vaste : faire évoluer la doctrine de la Commission de la transparence de la Haute Autorité relative à l'évaluation des médicaments soumis à des essais effectués avec de nouvelles méthodologies. 

 

Le bilan, un an après

Un an après la saisine, Sophie Kelley-Causeret, responsable du service évaluation du médicament à la HAS, dresse un bilan à l'occasion de la journée dédiée aux Phases Précoces en Cancérologie. 

Elle rappelle dans un premier temps le travail effectué : un appel à contributions et la mise en œuvre des auditions de parties prenantes, la réalisation d'une synthèse, puis la rédaction du position paper incluant un « message ciblé et synthétique » et des « repères explicites ». 

Des premières informations sur l'article ont également été livrées. La HAS a ainsi relevé des positions contradictoires des contributeurs. D'un côté, les acteurs interrogés souhaitent accéder plus rapidement à de nouveaux traitements pour leurs patients, qui eux « acceptent une plus grande prise de risque, sur la base d'essais à faible niveau de preuve, pour un accès précoce ».

De l'autre, des craintes sont exprimées quant à une accélération du développement de nouvelles molécules. Une accélération qui pourrait avoir une double conséquence : une baisse, à la fois, du niveau de preuves et du rapport bénéfice-risque

 

La mise en place « d'adaptations méthodologiques »

Selon APMNews, les contributeurs ont notamment évoqué les leviers susceptibles d'être utilisés lorsque sont menées des études « mono-bras » sans études randomisées. Les « contrôles externes », les « bras synthétiques » ou les « méthodes d'inférence causale » sont autant de solutions proposées. 

La réalisation d'essais randomisés n'est néanmoins pas écartée : ces essais associés à des « adaptations méthodologiques » (essais plateforme, essais seamless, essais adaptatifs...) assurent de fait « un niveau de preuves suffisantes ». 

Le futur article rappellera en premier lieu la « forte incertitude » liée aux études mono-bras. La preuve par les chiffres : le taux d'échec pour ces études qui passent en phase III s'élève à 55%, « majoritairement par non-démonstration d'efficacité et/ou mauvaise tolérance ». 

L'article proposera également des alternatives à l'essai randomisé classique, procédure qui allonge les « temps de développement ». Il soutient le recours à des « adaptations moins conventionnelles » susceptibles de doper les temps de développement tout en apportant le même niveau de preuve. 

 

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